L’histoire suivante nous a été envoyé par Laura du blog La vie d’une étudiante, un blog passionnant qui aborde des tas de sujets : Lifestyle, écriture, lecture, jeux vidéos et tout ce qui compose la vie d’une étudiante. N’hésitez pas à y jeter un oeil !
Voici son histoire :
« Installe-toi confortablement. Ce que je m’apprête à te révéler est l’un des plus horribles souvenirs de ma longue vie, l’une des pires nuits que je n’ai jamais vécu. Allez, réajuste tes coussins, allume une bougie, prépare-toi un thé bien chaud et enroule-toi dans une très grosse couverture.
Par une très longue soirée d’automne, une petite fille se préparait pour sortir dans le grand froid. Cette nuit-là, la plus importante de l’année pour elle, elle avait donné rendez-vous à ses copines pour une soirée de frayeur. Ses parents n’étaient pas au courant, comme tous les ans. Elle n’était qu’une petite fille après tout, mais il ne lui était jamais rien arrivé jusqu’à présent. Et puis elle n’avait pas peur. D’ailleurs, elle n’avait jamais connu ce sentiment, jusqu’à ce soir-là. Sans se douter de la tournure que prendrait la soirée, elle a passé la porte. Elle a quand même pris une bougie, pour éclairer son chemin. Le lieu de rendez-vous n’était qu’à quelques pâtés de maison de là, mais la nuit était sombre ce soir-là.
Par une nuit assez froide pour la saison, un homme à la mine patibulaire se préparait. Dans un sac, il entreposait ses outils. Une corde … Une scie … Une flèche … Et un auriculaire ! Que de choses étonnantes et tarabiscotées. Mais que préparait-il ? Une fois son sac bien rempli, il le mit sur ses épaules. Ce petit homme maigrichon ployait sous le poids de son fardeau. Mais il avait l’air déterminé. Ce qui le rendait tellement effrayant. A force de gémissements, il arrivait enfin à sa voiture. Il mit tant bien que mal son chargement sur le siège passager.
Il faisait vraiment froid, cette nuit-là. La fillette regretta de ne pas avoir pris ses bottines rouges. Celles que sa grand-mère lui avait offertes pour son anniversaire cette année. Mais en même temps, elles étaient si jolies qu’elle ne voulait pas les porter pour ne pas les abimer. Mais elles étaient fourrées, ce qui aurait été très utile ce soir. Elle s’arrêta sur le bord de la route, contre un réverbère. La lumière était très faiblarde. En même temps, vu le quartier qu’elle habitait, le plus pauvre de la commune, il était normal que tout soit en mauvais état. Personne n’avait envie de financer un patelin perdu, entouré de bois sombre où se déroulaient des choses parfois inexplicables. Un jour, un sans-abri qui cuvait dans son coin hurlait à qui voulait l’entendre, c’est-à-dire personne, qu’il venait se cacher des lutins assassins qui peuplaient ces bois. Bien évidemment, personne ne l’a jamais cru. Qui croirait un homme ivre qui n’était pas capable d’avoir un toit sur la tête ?
La route était éclairée très faiblement. L’homme râlait contre le maire, le gouvernement, ceux qui possédaient l’argent. Dans cette commune, il y en avait beaucoup, de l’argent. Mais il n’était pas dépensé pour les bonnes choses. Et il savait ce qu’il disait. Ce petit patelin était un centre d’échanges. Drogue, enfants, argent … Tout transitait par la forêt. Et il était l’un de ces gars qui ne posaient pas de question, mais qui faisaient leur job. Tout passait entre leurs mains, mais jamais rien n’y restait. C’est d’ailleurs pour ça qu’il était aussi pauvre et qu’il ne pouvait pas se tirer de là. Si seulement quelque chose pouvait faire changer les choses.
La jeune fille entendit un bruit. Très léger, mais assez fort pour qu’elle sente ses poils se dresser sur ses bras. Et là, elle ne pouvait pas se dire que ce n’était rien. Encore un crissement. Des bruits de pas. Mais à peine l’idée lui vint en tête que quelque chose appuya sur la bouche, manquant de la faire suffoquer. Elle aurait bien voulu crier. Elle essaya. Mais la chose l’en empêchait. Et sentit quelque chose de dure contre son manteau. Son instinct de survie lui criait de ne pas bouger. Mais elle ne l’écouta pas. Prise de panique, elle se trémoussa. Mais des bras d’acier étaient en train de l’enserrer. C’était comme si un brin d’herbe voulait faire ployer un chêne.
Il aperçut enfin la lisère des bois. Des arbres assez gigantesques lui cachaient le ciel. Déjà que le chemin était assez sombre, mais là, il allait entrer dans un trou noir infiniment plus obscure. Comme chaque fois qu’il passait cette frontière, il eut un petit pincement au cœur. Après une grande inspiration, il traversa les premiers grands mastodontes. Ca y est. Il y était. Si il avait eu une chance de faire marche arrière, elle s’est envolée en même temps qu’il était entré dans ce territoire hostile.
Excuse-moi, il faut que je m’arrête quelques secondes. Un frisson est en train de me parcourir la peau. Je frissonne encore alors que le drame s’est passé bien des années plus tôt. Laisse-moi reprendre mes esprits. Tiens, je crois que je vais aller me servir un verre de Tequila. Tu en veux un avec moi ? Hum … oui … Tu n’es pas là pour ça. Bref, continuons.
Chery ouvrit les yeux. Mais où était-elle ? Tout était si noir autour d’elle. Et aucun son ne parvenait à ses oreilles. Mais que s’était-il passé ? Elle se souvenait avoir donné rendez-vous à ses copines pour l’une des meilleures soirées Halloween de leur vie. Elle était sortie de chez elle, très confiante quant à l’issue de la soirée. Elle avait prévu de faire la pire frayeur à ses amies. Elles devaient se retrouver devant une ruine qui effrayait les grands comme les petits. Mais elle avait prévu de les faire attendre. Pour qu’elles s’inquiètent, un peu. Puis au bout de quelques secondes, elle serait apparue et leur aurait fait une frayeur. Et tout ce serait bien terminé. Mais là, elle s’était arrêtée en chemin. Et ce n’est pas elle qui avait fait une surprise. Et puis après, plus rien. Que du noir. Quelque chose qu’elle qualifiera plus tard d’appréhension la pris à la gorge. Il n’y avait rien autour d’elle. Personne. Que ce passait-il ? Elle allait mourir ?
Le petit homme se gara à côté d’une petite cabane de bois. Mais il ne fallait pas se fier aux apparences. Cette maisonnée n’était que la partie la plus immergée de l’iceberg. C’était juste pour les apparences. Au cas où les autorités mettraient leur nez là où ils ne devraient pas. Il éteignit ses phares. L’obscurité l’avala tout entier. Même la lumière de la lune n’avait pas le courage de pénétrer. Il sortit sa lampe-torche et l’alluma. Il avait reçu un appel. Le colis était arrivé. Et il avait été stocké dans la maison mère. Dans le bon de commande, il était spécifié qu’il ne devait pas être abîmé. Alors lui et ses hommes avaient suivi l’ordre à la lettre. Il ne connaissait pas son client, mais il n’en avait pas du tout envie.
Un bruit, enfin. Sinistre. Résonnant dans ma tête. La petite était tellement contente qu’elle faillit en sauter de joie. Mais elle ne pouvait pas. Quelque chose l’en empêchait. Des liens la retenaient. Mais qu’est-ce qui se passait à la fin ? Des larmes commençaient à lui piquer les yeux. Elle avait peur. Vraiment très peur. Elle était terrifiée. Pétrifiée même. Un autre raclement. Ca y est. C’était la fin. Et puis un rayon de lumière. Comme dans ces films, quand le héros meurt. Il se retrouve dans un rai de lumière blanche, à revivre tous les événements de sa vie. Mais elle, qu’avait-elle vécu ? Rien. Elle était tellement petite. Elle avait encore tellement de choses à vivre.
Dans le faisceau de sa lampe, toute petite chose recroquevillée, si frêle que s’il la touchait, il avait peur de la casser. Quelque chose ne collait pas. Pourquoi l’homme voulait-il cette enfant sans égratignure ? Ce n’était pas dans les habitudes de la maison. Et puis cette fille, elle était si bien habillée, si bien coiffée. Elle sentait l’odeur des riches. Normalement, c’était des enfants crasseux qu’il avait entre les mains, des enfants miséreux et sans parents. Ah ! Il se prit la tête entre les mains. Il n’avait pas l’habitude de réfléchir. Surtout pas de contredire des ordres. Mais là, quelque chose n’allait vraiment pas.
C’est tétanisée qu’elle attendait le coup fatal. Elle distinguait en face d’elle les contours d’une toute petite masse. Quoi !? Elle aurait son dernier souffle face à une brindille ? Non ! Ce n’est pas comme ça qu’elle avait imaginé sa mort. Elle aurait cru mourir vieille, entourée de magnifiques bambins piaillant dans tous les sens, de ses enfants, de sa famille. Pas au milieu de nulle part, du néant.
« Et qu’est-ce qui s’est passé, alors ? »
Je t’ai dit de ne pas m’interrompre. Enfin, peut-être pas. Je me suis évanouie. Mais j’ai tout de même eu le fin mot de l’histoire. Mon père voulait divorcer de ma mère. Mais il ne savait pas vraiment comment s’y prendre. Alors il a eu cette idée. Me kidnapper pour que ma mère s’inquiète, qu’il fasse pression sur elle et qu’elle fasse ce qu’il voulait. Oui, je sais, c’est totalement fou. Sauf qu’il n’avait pas prévu que mon bourreau allait être sentimental. Il a alors coupé mes liens. Je n’ai pas pu bouger. Le silence s’est installé entre nous. Jusqu’à ce qu’il fut rompu par sa voix. Malgré sa toute petite taille, il avait une voix chaude et réconfortante. Il a juré de ne me faire aucun mal. Et il m’a fait un cadeau. Sur le coup, j’ai été horrifiée, et c’est là que j’ai senti le monde tourner autour de moi. Mais je l’ai toujours, en souvenir de cette soirée. Lève la tête. Tu vois, sur la cheminée ? A côté de la noix de coco, il y a une chose boudinée. C’est son auriculaire porte-chance. Il m’a raconté son histoire. Mais tu n’en sauras pas plus, parce que ceci ne fait pas partie de mon histoire. »